Édition du mardi 26 février 2019
Mobilité résidentielle : la mixité sociale ne progresse pas
C’est une passionnante étude qui a été mise en ligne hier par l’Observatoire des territoires du CGET (Commissariat général à l’égalité des territoires), consacrée aux « mobilités résidentielles » et aux évolutions démographiques examinées à la maille des territoires.
Particularité de cette étude : en plus de la version papier, l’Observatoire des territoires met en libre accès des outils interactifs sur internet permettant de visualiser l’évolution démographique ou les déplacements à l’échelle des territoires (EPCI).
L’objectif de cette publication est notamment de « dépasser les idées reçues », explique en préambule Pierre Mirabaud, président de l’Observatoire des territoires : « Par exemple sur la faible mobilité résidentielle des Français. (…) Nos concitoyens bougent autant, voire plus, que les autres Européens, mais restent pour la plupart dans un périmètre de proximité » – près des trois quarts des Français qui déménagent ne changent pas de département.
La fin de l’exode rural
L’étude met d’abord en avant la « reconfiguration géographique » qu’a connue le pays en 50 ans. L’exode rural qui a marqué la période précédente s’est achevé, et un certain retournement de tendance s’est fait jour : « Des espaces qui perdaient des habitants affichent désormais une forte croissance migratoire ». En regardant les cartes fournies dans l’étude sur la période 1968-1975, on constate que la totalité des zones rurales connaissait alors un déficit migratoire marqué ; sur la période 2009-2014, la différence entre les territoires qui croissent et qui décroissent ne se fait plus sur le critère rural/urbain, mais sur un critère géographique : en schématisant, tout le nord-est du pays, au-dessus d’une diagonale allant du Cotentin au Territoire de Belfort, perd des habitants. Les territoires qui se trouvent au sud de cette ligne gagnent, globalement, des habitants.
On notera que l’outil interactif en ligne fourni en annexe de l’étude permet de visualiser les flux migatoires, sous forme de graphiques, à l’échelle des EPCI (mais aussi des départements et des régions). Cet outil particulièrement bien fait permet de voir où se situe un EPCI par rapport aux autres en termes d’évolution démographique, naturelle ou migratoire.
L’étude livre aussi des informations sur le profil des arrivants sur les différents territoires : on voit ainsi où emménagent majoritairement les différentes catégories de la population (retraités, jeunes, cadres, ouvriers avec ou sans famille…). Il apparaît clairement que les cadres sont surreprésentés parmi les personnes qui emménagent dans « les couronnes des principaux centres urbains », tandis que ouvriers et employés s’installent dans les intercommunalités plus lointaines ; les ouvriers avec enfants vont, eux, encore plus loin des villes, dans les territoires relativement éloignés des pôles urbains où ils travaillent mais où « l’accès à la propriété d’une maison individuelle » est possible à « coût moindre ».
D’ailleurs, l’étude montre également que « les contrastes de localisation des différents groupes sociaux s’accentuent » – autrement dit, la mixité sociale ne progresse pas : « À l’échelle nationale, toutes les catégories d’individus ont tendance à emménager dans les intercommunalités où le groupe social auquel ils appartiennent est déjà fortement présent : ils y renforcent ainsi leur proportion. »
Flux résidentiels
Enfin, le CGET montre des cartes inédites sur la mobilité résidentielle vue à travers le prisme de la catégorie socio-professionnelle. Les « flux résidentiels » illustrent les déplacements lors d’un déménagement interdépartemental – ce qui permet de voir où déménagent le plus volontiers les personnes lorsqu’elles changent de département. Les cadres, lorsqu’ils déménagent, vont le plus souvent s’installer d’une métropole régionale à une autre : ils quittent Paris pour s’installer à Toulouse, Lyon, Lille ou Marseille. Les étudiants – logiquement – déménagent vers les grandes villes de chaque région, qui abritent les facultés. Quant aux ouvriers et aux employés, leur mobilité résidentielle est essentiellement « de proximité », vers les départements voisins. « Les cadres et professions intermédiaires évoluent sur des marchés du travail d’échelle nationale quand les ouvriers et les employés sont davantage ancrés dans des réseaux de proximité », concluent les auteurs de l’étude.
Accéder à la synthèse interactive.
Accéder aux outils de visualisation en ligne.
Particularité de cette étude : en plus de la version papier, l’Observatoire des territoires met en libre accès des outils interactifs sur internet permettant de visualiser l’évolution démographique ou les déplacements à l’échelle des territoires (EPCI).
L’objectif de cette publication est notamment de « dépasser les idées reçues », explique en préambule Pierre Mirabaud, président de l’Observatoire des territoires : « Par exemple sur la faible mobilité résidentielle des Français. (…) Nos concitoyens bougent autant, voire plus, que les autres Européens, mais restent pour la plupart dans un périmètre de proximité » – près des trois quarts des Français qui déménagent ne changent pas de département.
La fin de l’exode rural
L’étude met d’abord en avant la « reconfiguration géographique » qu’a connue le pays en 50 ans. L’exode rural qui a marqué la période précédente s’est achevé, et un certain retournement de tendance s’est fait jour : « Des espaces qui perdaient des habitants affichent désormais une forte croissance migratoire ». En regardant les cartes fournies dans l’étude sur la période 1968-1975, on constate que la totalité des zones rurales connaissait alors un déficit migratoire marqué ; sur la période 2009-2014, la différence entre les territoires qui croissent et qui décroissent ne se fait plus sur le critère rural/urbain, mais sur un critère géographique : en schématisant, tout le nord-est du pays, au-dessus d’une diagonale allant du Cotentin au Territoire de Belfort, perd des habitants. Les territoires qui se trouvent au sud de cette ligne gagnent, globalement, des habitants.
On notera que l’outil interactif en ligne fourni en annexe de l’étude permet de visualiser les flux migatoires, sous forme de graphiques, à l’échelle des EPCI (mais aussi des départements et des régions). Cet outil particulièrement bien fait permet de voir où se situe un EPCI par rapport aux autres en termes d’évolution démographique, naturelle ou migratoire.
L’étude livre aussi des informations sur le profil des arrivants sur les différents territoires : on voit ainsi où emménagent majoritairement les différentes catégories de la population (retraités, jeunes, cadres, ouvriers avec ou sans famille…). Il apparaît clairement que les cadres sont surreprésentés parmi les personnes qui emménagent dans « les couronnes des principaux centres urbains », tandis que ouvriers et employés s’installent dans les intercommunalités plus lointaines ; les ouvriers avec enfants vont, eux, encore plus loin des villes, dans les territoires relativement éloignés des pôles urbains où ils travaillent mais où « l’accès à la propriété d’une maison individuelle » est possible à « coût moindre ».
D’ailleurs, l’étude montre également que « les contrastes de localisation des différents groupes sociaux s’accentuent » – autrement dit, la mixité sociale ne progresse pas : « À l’échelle nationale, toutes les catégories d’individus ont tendance à emménager dans les intercommunalités où le groupe social auquel ils appartiennent est déjà fortement présent : ils y renforcent ainsi leur proportion. »
Flux résidentiels
Enfin, le CGET montre des cartes inédites sur la mobilité résidentielle vue à travers le prisme de la catégorie socio-professionnelle. Les « flux résidentiels » illustrent les déplacements lors d’un déménagement interdépartemental – ce qui permet de voir où déménagent le plus volontiers les personnes lorsqu’elles changent de département. Les cadres, lorsqu’ils déménagent, vont le plus souvent s’installer d’une métropole régionale à une autre : ils quittent Paris pour s’installer à Toulouse, Lyon, Lille ou Marseille. Les étudiants – logiquement – déménagent vers les grandes villes de chaque région, qui abritent les facultés. Quant aux ouvriers et aux employés, leur mobilité résidentielle est essentiellement « de proximité », vers les départements voisins. « Les cadres et professions intermédiaires évoluent sur des marchés du travail d’échelle nationale quand les ouvriers et les employés sont davantage ancrés dans des réseaux de proximité », concluent les auteurs de l’étude.
F.L.
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